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Forêt GREENPEACE AFRIQUE APPELLE A NOUVEAU LE PRESIDENT FELIX TSHISEKEDI A ORDONNER UNE ENQUETE JUDICIAIRE SUR LES RESPONSABLES DU PILLAGE DE LA FORET CONGOLAISE

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Forêt : GREENPEACE AFRIQUE APPELLE A NOUVEAU LE PRESIDENT FELIX TSHISEKEDI A ORDONNER UNE ENQUETE JUDICIAIRE SUR LES RESPONSABLES DU PILLAGE DE LA FORET CONGOLAISE

 

Dans un communiqué officiel publié le vendredi, 1er Avril 2022 après, la publication du rapport de l’Inspection Générale de Finance(IGF) sur l’audit de la foret congolaise, l’ONG Greenpeace Afrique a appelé à nouveau le président Félix Tshisekedi à ordonner une enquête judiciaire sur les responsables du pillage de la forêt congolaise afin que la lumière soit faite dans ce domaine.

 

En voici le contenu :  

Kinshasa, le 1er avril 2022: Après trois mois de pression par Greenpeace Afrique, le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a finalement cédé : Après une fuite dans les médias et la visite d’un ministre britannique en colère, il ne pouvait plus ne pas publier le rapport d’audit de l’Inspection générale des finances (IGF) commandé en 2020 qui fustige le « laxisme coupable » du ministère de l’Environnement et le « chaos qui arrange » ses responsables.

Sa publication avant la fin de 2021 était le tout premier jalon de l’accord de 500 millions de dollars signé par le président Félix Tshisekedi et les bailleurs de fonds en marge de la COP26 en novembre dernier à Glasgow, en Ecosse. 

Si les autorités congolaises ont allègrement raté cette échéance et ignoré l’alerte lancée le 2 janvier, on comprend maintenant pourquoi, et on imagine tout l’embarras des bailleurs.

« Avec toute la gangrène qu’expose cet audit, c’est de la folie de lever le moratoire sur les nouveaux titres forestiers – et pourtant c’est ce que la RDC et ses bailleurs de fonds s’apprêtent à faire.   Ce qu’il nous faut est un plan de protection permanente des forêts, c’est vital pour des milliers de communautés locales et des Peuples autochtones », déclare Irène Wabiwa Betoko, cheffe de la campagne forêt pour Greenpeace Afrique.

L’audit au vitriol, livré en mai 2021, est sans merci pour la « gouvernance forestière » à la congolaise, et il met de nouveau la Vice-première ministre, ministre de l’Environnement, Mme Eve Bazaiba en grande difficulté.  

En octobre dernier – à la veille de la COP26 – le président Tshisekedi lui avait ordonné de suspendre immédiatement toute concession forestière « douteuse ». En faisant le service minimum deux mois après, Mme Bazaiba a passé aux oubliettes des millions d’hectares d’attributions plus que « douteuses  » repérées par les limiers de l’IGF.

A ce moment-là les bailleurs de fonds, regroupés au sein de l’Initiative pour la forêt d’Afrique centrale (CAFI) avaient déjà sorti leur chéquier…  L’accord qu’ils signent à la COP26 donne le feu vert à la levée du moratoire sur de nouvelles concessions forestières instauré en 2002. 

La négligence de Mme Bazaiba – elle jure ne pas avoir vu le rapport d’audit de l’IGF avant février 2022 – est emblématique de celle dénoncée comme systémique par les auditeurs.

Ceux-ci identifient pas moins de 18 concessions attribuées en violation du moratoire de 2002. 

Ces titres illégaux comprennent la totalité de ceux revendus par le forestier et général Gabriel Amisi, sous sanction américaine et européenne, à des partenaires chinois.  L’IGF affirme que, de ces seuls titres, 3,1 millions de dollars de redevance de superficie manquent à l’appel. Les Inspecteurs demandent leur recouvrement « par toute voie de droit ». 

Et ils révèlent « la perception de la redevance de superficie au moyen des décharges au niveau des provinces ».

Le champion de l’Agence française de développement (AFD) et seule société forestière française de RDC, Compagnie forestière et de transformation (CFT), serait lui aussi mauvais payeur, à en croire l’IGF.  Labellisée « légale » par la boîte de certification Preferred by Nature, la CFT est aussi une des seules sociétés contactées d’avoir ouvertement contesté la compétence de l’IGF à la contrôler. Courant 2021, elle appartient à un expert parisien en tableaux anciens, Eric Turquin, à travers sa discrète Société française pour l’environnement.  

Pour les auditeurs, l’absence du dépôt de cautionnement par certains forestiers – dont le leader libanais Industrie forestière du Congo (IFCO) – relève d’une application « sentimentale et arbitraire » de la loi.  Le recours par des ministres successifs au gré-à-gré pour l’attribution des titres témoigne de « toute la résistance » qu’ils ont à respecter la loi, « au profit de leur volonté personnelle ».  Le cadeau fait au général Amisi était du « favoritisme délibéré ». 

Pointés du doigt tour à tour : les ministres Robert Bopolo, Bienvenu Liyota, Athys Kabongo, Franck Mwedi Malila, ainsi que les bouillants Amy Ambatobe et Claude Nyamugabo. 

Mais ce n’est pas que le ministère – et, surtout, les ministres – de l’Environnement qui sont dénoncés.  L’IGF constate également la « défaillance totale » de la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations (DGRAD) – dont la directrice n’a pas cru bon de répondre à leurs observations préliminaires.  Un total de quatre exploitants sur les 45 répertoriés ont payé la redevance de superficie.

Sans doute est-il un peu compliqué pour la DGRAD de recouvrer l’argent des sociétés dont seulement un nombre « très limité » ont pu être localisées par l’IGF, la majorité des adresses étant « inexactes ou tout simplement inexistantes ».  En cause :  « la légèreté de l’administration forestière dans l’identification et le suivi des concessionnaires ».

Dommage seulement que la période contrôlée par l’IGF se soit arrêtée mi-2020.  C’est au dernier semestre de cette année-là que Claude Nyamugabo se livre à une arnaque de plus, à très grande échelle.  Il gratifie l’obscure société de courtage Tradelink de concessions dites de « conservation », grandes comme la moitié de la Belgique.  Et les vieilles concessions d’exploitation forestière de la géante Norsudtimber, à capitaux portugais, se voient, elles aussi, convertir, en toute illégalité, en concessions de « conservation ».  D’autres sociétés ont également bénéficié des attentions particulières de M. Nyamugabo.

Greenpeace Afrique appelle à nouveau le président Félix Tshisekedi à ordonner une enquête judiciaire sur les responsables du pillage de la forêt congolaise et, le cas échéant, à la levée de leur immunité parlementaire.  Nous demandons à ce que la lumière soit faite en premier lieu sur le refus par la ministre actuelle d’obtempérer à ses ordres.  Pourquoi n’a-t-elle pas suspendu ne serait-ce qu’une seule concession d’exploitation forestière quand un rapport d’audit livré en mai 2021 précisait l’ampleur des dégâts à réparer ?

Communiqué de presse/Greenpeace Afrique

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