Au moins 330 baleines se sont échouées sur un littoral difficilement accessible de la Patagonie chilienne. Si les causes de ce phénomène restent inconnues, les scientifiques craignent qu'il s'agisse de l'un des plus importants échouage de cétacés jamais observé. 

"C'était une vision apocalyptique. Je n'avais rien vu de semblable", a déclaré à l'AFP Vreni Häussermann, la directrice du centre scientifique Huinay, qui a participé à l'expédition ayant trouvé les baleines échouées. Cette expédition a été mise en place après la découverte en avril 2015 d'un cas semblable : une vingtaine de Rorqual Boréal (Balaenoptera borealis) s'étaient échouées dans cette région du Chili, à quelque 2000 km au sud de la capitale, Santiago. 

"J'ai découvert plus de 20 baleines mortes en Avril 2015, et après, nous avons organisé avec ma collègue Carolina Gutstein un vol d'observation" en juin 2015, nous a précisé Vreni Häussermann. Malheureusement, l'échouage était massif : "Nous avons pu compter 337 baleines mortes, en incluant les cadavres et les squelettes", a déclaré Vreni Häussermann à l'AFP. Pire, "Il y a encore de nombreuses zones que nous n'avons pas pu atteindre, il est donc probable qu'il y ait davantage de baleines mortes", a ajouté la directrice. 

Fortement chassés durant les années 1960 et 1970, les Rorqual Boréal sont en danger d'extinction selon la liste rouge de l'UICN à cause du déclin de leurs populations principalement dans l'hémisphère sud où ils ne seraient plus que 10 000. Heureusement, leur chasse est interdite depuis 1975 dans l'hémisphère nord et 1979 dans l'hémisphère sud. Il s'agit d'un imposant cétacé (jusqu'à 16 mètres de long pour 30 tonnes) qui migre des latitudes tropicales et subtropicales en hiver vers les latitudes tempérées et subpolaires en été, restant la plupart du temps dans des eaux comprises entre 8 et 18°C.

 Pourquoi ces baleines se sont échouées ? 

Hormis la chasse désormais interdite et quelques cas de collisions avec des navires, les autorités chiliennes ont écarté toute responsabilité de l'Homme dans cet échouage, loin de nos activités. 

Les biologistes qui étudient leurs cadavres s'orientent davantage vers un excès d'algues rouges : "L'hypothèse la plus probable pour expliquer la mort reste la marée rouge" nous a expliqué Vreni Häussermann. 

Ce phénomène, visible lorsque l'eau devient rouge, s'explique par l'apparition soudaine et massive d'algues microscopiques qui produisent des toxines fatales pour les poissons et crustacés, et donc les Hommes qui en mangent. Les toxines peuvent également rendre l'air difficilement respirable, indique la NOAA. Cependant, des cadavres montrent également des traces d'attaques d'orques. Les scientifiques se préparent pour une nouvelle expédition planifiée pour avril 2016 et qui devrait nous éclairer sur les causes principales de cette tragédie. Régulièrement, de par le monde, des échouages de cétacés sont signalés et notamment des baleines-pilotes, mais pas dans de telles proportions.Source : notre-planete.info, http://www.notre-planete.info/actualites/4388-echouage-record-baleines-Chili