En République Démocratique du Congo (RDC), la pression sur les forêts, due à la forte demande en charbon de bois, ne cesse de croître. Avec un taux de desserte en électricité qui avoisine à peine 41 % en zones urbaines, la majorité de la population dépend encore du bois énergie pour la cuisson. Cette situation engendre une déforestation galopante et aggrave l’insalubrité dans les grandes villes. Face à cette urgence environnementale, l’ONG Action Paysanne a mis en place une alternative durable et innovante : la transformation des déchets biodégradables secs en charbon écologique.

 Cette initiative permet non seulement de lutter contre la déforestation, mais aussi d’améliorer la gestion des déchets solides qui envahissent les villes congolaises.

« Nous avons décidé de développer cette alternative parce que nous avons constaté que la nature est chaque jour un peu plus dévastée par l’homme, à la recherche de bois pour la cuisson. Nos forêts, nos brousses, nos arbres disparaissent. En tant qu’acteurs de l’environnement, nous avons réfléchi à une solution pour mettre fin à ces pratiques destructrices. C’est ainsi qu’est née cette technique de transformation des déchets organiques en charbon écologique », explique John Senker, Coordonnateur National de l’ONG Action Paysanne, lors d'une interview accordée à RTEC Tropicana.

Une alternative verte contre la déforestation

Selon plusieurs études, le taux de déforestation en RDC varie entre 0,17 % et 0,81 % par an entre 2000 et 2017. En 2017, le pays perdait environ 1 million d’hectares de forêts tous les deux ans. En 2023, plus d’un million d’hectares supplémentaires ont disparu, et en 2024, près de 590 000 hectares de forêts primaires ont été détruits. Les principales causes sont : l’agriculture sur brûlis, l’exploitation du bois, la production de charbon de bois.

L’initiative d’Action Paysanne s’inscrit donc dans une logique de préservation des écosystèmes, tout en apportant une solution énergétique propre aux ménages.

« Ces initiatives restent limitées car elles sont encore à petite échelle. Mais si les moyens sont réunis, chaque ménage pourrait adopter cette méthode. Nous avons lancé une phase pilote qui a abouti à des résultats très satisfaisants, avec un charbon de qualité, déjà conditionné et prêt à l’exportation. Ce charbon écologique ne nuit pas à l’environnement, ne produit pas de polluants organiques persistants, ni d’effets de serre », ajoute John Senker.

Une technique adaptée aux communautés

Le processus de fabrication est simple et peut être mis en œuvre même dans les villages : Collecte de déchets biodégradables secs, comme les feuilles mortes ; Carbonisation des déchets ; Tamisage pour obtenir une poudre fine ; Mélange avec de l’amidon naturel ; Moulage manuel ou motorisé pour obtenir des briquettes de charbon (makala économique).

Ce modèle est réplicable, peu coûteux et accessible aux populations locales, en particulier aux femmes, qui peuvent produire les briquettes à la main.

Un projet communautaire et durable

Action Paysanne agit au cœur des communautés, pour les communautés et avec les communautés. Elle œuvre à construire un avenir meilleur pour les populations les plus vulnérables, en associant développement durable, inclusion sociale et innovation écologique.

Serge GATA
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